Parents/éducateurs… attention au jugement!

La maman de Jules est en congé de maternité. Pendant qu’elle s’occupe du nouveau-né à la maison, Jules continue de fréquenter le service de garde à temps plein. Ce matin, en revenant de jouer dehors, Michèle, son éducatrice constate qu’il a mouillé son pantalon. Comme cela n’arrive jamais à Jules d’habitude, elle change les vêtements de l’enfant et attend la fin de la journée pour expliquer au parent que c’est difficile pour un enfant de constater qu’il perd sa place après l’arrivée d’un autre enfant dans la famille et lui recommander de réduire les jours de fréquentation pour passer plus de temps avec son fils afin d’éviter que celui-ci ne régresse. La mère de Jules répond à Michèle que Jules est pourtant enthousiaste le matin à l’idée de venir rejoindre ses camarades et qu’elle a plutôt l’impression que Michèle voudrait alléger ses journées de travail.

L’éducatrice souhaitait simplement partager ses inquiétudes et prévenir d’éventuels problèmes à Jules et ne comprend pas pourquoi la mère ne profite pas plus de son congé pour passer du temps avec son fils, et la mère, en contrepartie, se sent jugée dans ses compétences parentales et ne comprend pas pourquoi elle devrait changer une routine qui n’avait pas posé de problèmes jusqu’à maintenant.

Michèle admet qu’elle a peut-être sauté un peu vite aux conclusions et s’en excuse. Jules ne s’est mouillé qu’une fois, après tout. Mais le mal est fait. Le lien de confiance, si difficile à créer entre un parent et un éducateur, vient de se fragiliser.

 

Le parent est le premier éducateur de son enfant

Dans la très grande majorité, les parents sont soucieux du bien-être et de la bonne éducation de leur enfant. En ce sens, ils méritent considération et soutien. Tout comme les éducateurs, ils jouent leur rôle auprès de l’enfant en fonction de leurs valeurs respectives. Il importe de prendre conscience que ces valeurs, même si elles sont parfois différentes, peuvent très bien cohabiter, dans la mesure où chacun fait preuve d’un minimum d’ouverture et de respect.

Le partenariat éducateur/parent suppose que chacun travaille de concert pour favoriser le bien-être et le développement harmonieux de l’enfant. Si une difficulté survient, ils ont tous avantage à discuter en toute transparence afin d’élaborer des stratégies d’intervention communes et assurer une cohérence entre leurs actions. Les discussions et les échanges d’information leur permettent de se soutenir dans l’exercice de leurs compétences respectives et ne doivent pas servir à porter un jugement sur la façon de faire de l’autre.

L’éducatrice est souvent la première témoin de ce que fait ou vit l’enfant. En conséquence, lorsqu’une difficulté survient, c’est son travail d’informer les parents de ses éventuelles inquiétudes au sujet de l’enfant. Les parents ne doivent pas être laissés dans l’inquiétude, voire dans l’ignorance, et l’enfant ne doit pas être laissé dans une situation qui risque d’empirer.

 

Voici 3 pistes pour faciliter la communication entre l’éducatrice et le parent :

Reconnaître que chacun a droit à son opinion

L’important n’est pas que tout le monde ait les mêmes opinions et soit d’accord sur la marche à suivre, mais plutôt que chacun ait la chance et le temps d’exprimer son propre point de vue. Dès le début d’une discussion, mentionnez au parent que ce que vous allez lui dire est important pour vous. Et si, en cours de route, vous sentez qu’il ne vous écoute pas, dites-le-lui pour lui permettre de s’ajuster. Par exemple : « Je sens que tu es distrait et ce que j’ai à te dire est important… aimerais-tu qu’on continue cette conversation une autre fois ? » ou « Je sens que tu es sur la défensive… je te rassure tout de suite, je ne porte pas de jugement, je veux simplement discuter de la situation avec toi ».

Choisir le bon moment

Lorsqu’une difficulté se présente, avant d’aborder le parent, il importe de trouver le moment qui vous convient à tous afin que vous vous sentiez tous à l’aise. Essayez de faire le premier pas… sur la pointe des pieds. Par exemple, évitez de parler d’un problème au moment où le parent vient reprendre son enfant et qu’il est pressé d’aller préparer le souper, ou pendant que son attention est monopolisée par son enfant. Choisissez ensemble le meilleur moment. Choisir le bon moment pour délivrer un message aux parents est presque aussi important que le message lui-même…

Parler de l’enfant en termes positifs

Aucun parent n’aime se faire parler de son enfant en termes négatifs. Lorsque l’éducatrice souhaite aborder le parent au sujet de l’enfant, elle peut utiliser la technique qui consiste à placer un élément négatif entre deux éléments positifs. Cet exercice oblige l’éducatrice à réfléchir sur les aspects positifs de l’enfant et à reconnaître qu’il ne vit pas que des échecs. Pour le parent, cette façon de faire lui permet de mieux percevoir l’intention positive dans l’intervention de l’éducatrice, et par conséquent, contribue à renforcer le lien de confiance qu’il a envers l’éducatrice de son enfant.

Tous ces aspects favorisent l’établissement d’un lien de confiance, essentiel à une relation harmonieuse entre le parent et l’éducatrice de son enfant. Même s’il peut arriver à l’occasion de ne pas être d’accord avec lui, le parent demeure le meilleur allié de l’éducatrice.